Si le Cambodge possède la 8ième merveille du monde, ses habitants constituent son principal trésor. Déjà ravis par le contact avec le indiens et les balinais, nous sommes tombés sous le charme de la population khmère. Malgré des années de massacres sous le pouvoir destructeur des marxistes maoïstes Khmers rouges, les cambodgiens ont gardé le sourire et débordent de gentillesse ! Nul ne quitte ce royaume sans un sentiment d'affection et d'admiration pour son peuple.

A l'instar du Machu Picchu au Pérou, les temples d'Angkor font partie des quelques sites de la planète qui éblouissent et saisissent le visiteur dès le premier regard. Si Angkor Vat est l'expression la plus aboutie du génie khmer, nous avons été subjugués par les temples du Bayon et du Ta Prohm. A l'inverse, l'enfer de Tuol Sleng (ancienne prison et lieu de torture devenu musée) et le site d'extermination de Choeung Ek (les charniers) sont un terrifiant face à face avec les Khmers rouges et leur infernale machine de mort. Nous avons préparé cette confrontation avec le passé atroce du Cambodge en lisant des livres et en visionnant des documentaires pour tenter de comprendre. Afin d'entrevoir une part de la réalité khmère moderne, il faut se plonger au préalable dans l'Histoire de ce pays aux 2 visages : l'un pimpant, joyeux et rempli d'espoir, l'autre sombre et complexe.

Outre les 2 grandes villes que sont Phnom Penh et Siem Reap, nous avons découvert la campagne en faisant une incursion à l'est (Kompong Cham) et à l'ouest (Battambang) : la vie est difficile pour les cambodgiens qui sont encore un des peuples les plus pauvres d'Asie avec les birmans. Mais ils sont tournés vers l'avenir, tout sourire ... une belle leçon de vie !

Nous sommes partis 2 semaines en décembre en organisant notre périple quelques mois à l'avance avec l'aide d'une agence franco-khmère (basée à Phnom Penh) très professionnelle : Khuon Tour. Tout au long de notre périple, nous avons été accompagnés par des guides compétents parlant français, qui nous ont facilité la compréhension de la vie au Cambodge et nous ont permis de rentrer en contact avec la population ... Un pur bonheur !


Arrivés à Phnom Penh un dimanche soir, nous avons visité la ville 3 jours durant ainsi que le dernier jour de notre voyage, le 31 décembre avant de prendre l'avion à 23h30. Ainsi nous n'avons pas négligé, comme beaucoup de touristes pressés, cette cité en plein essor, chaotique et fascinante. Pauvreté absolue et richesse extrême, la capitale a mis nos sens à rude épreuve mais cela fait partie de l'enchantement : odeurs âcres, klaxons, pétarades, et tous les bruits de la vie quotidienne vous plongent vite dans le charme grouillant d'une métropole au centre de l'activité économique. Jadis "perle de l'Asie", Phnom Penh a souffert de la guerre et de la révolution mais renaît de ses cendres grâce à l'arrivée d'investisseurs étrangers. Il est vrai que son emplacement privilégié au bord du Mékong et du Tonlé Sap lui confère une atmosphère particulière au croisement du passé et du présent : le voyageur est séduit d'autant plus que les bars et les restaurants offrent un choix superbe. Cadre raffiné, cuisine khmère délicieusement parfumée, stands de rue, marchands ambulants, Phnom Penh n'a pas déçu nos goûts ni nos attentes ... Nous avons vite appris à marchander les courses auprès des chauffeurs de tuk-tuk, à traverser les avenues emcombrées (très peu de passages piétons, véhicules à contresens) tout en nous émerveillant des scènes de rues déconcertantes ! N'hésitez pas à emprunter le bateau local (5 $ au lieu de 20 pour les bateaux touristiques) qui part à 17h pour une croisière d'une heure sur le Tonlé Sap et le Mékong : en décembre, le coucher de soleil n'est pas formidable malgré le beau temps et la chaleur.

 


Notre première visite dans la capitale fut consacrée au musée du génocide Tuol Sleng, un ancien lycée de Phnom Penh converti en 1975 en prison appelée S-21 sous le régime des Khmers rouges.

J'avais lu "Le Maître des Aveux" du journaliste Thierry Cruvellier qui suit les procès pour crime contre l'humanité à travers le monde : son témoignage poignant porte sur le procès de Kaing Guek Eav, alias Douch, responsable de la torture et de la mort de plus de 14000 victimes à la prison S-21 où il était le directeur. Pour nous, cette visite était un devoir de mémoire, comme le dit le peintre Vann Nath, un des 7 prisonniers qui doivent leur survie à leurs talents de peintres, sculpteurs, mécaniciens ou photographes : il a écrit "Dans l'enfer de Tuol Sleng" et tient le 1er rôle dans le film documentaire du réalisateur franco-cambodgien Rithy Panh "S-21, la machine de mort Khmère rouge", pour garder vivante la mémoire de tous ceux qui ont péri, "dans l'espoir que leur mort ne perde pas tout son sens mais puisse aider une nouvelle génération de cambodgiens, et d'autres personnes à travers le monde, à comprendre ce qui s'est passé au cours des années 1970". En tant que rare survivant, Vann Nath se devait de décrire ce qui s'est passé car, dit-il, "nous nous sommes promis que celui qui survivrait raconterait aux familles des victimes comment ils avaient affronté leur sort".

Nous étions en compagnie de notre guide Sameth, un cambodgien professeur de français à la retraite : il avait excercé dans ce lycée devenu prison et a failli par 3 fois être arrêté par les Khmers rouges qui le déclarèrent "ennemi d'Etat". Il nous disait que ses enfants ne croyaient pas à l'existence de cette folie meurtrière jusqu'à ce qu'il les emmène ici ... "Nos enfants doivent apprendre à ne jamais traiter les êtres humains comme des animaux, ou pire que des animaux" écrit Vann Nath.  Aussi, la visite de Tuol Sleng est éprouvante : la simplicité des bâtiments scolaires rend d'autant plus épouvantable les traces de l'horreur ... les lits rouillés des interrogatoires, les chaînes, les barbelés empêchant les prisonniers de se jeter des balcons, les instruments de torture comme cette baignoire transformée pour l'immersion, des bidons de plastique (pour l'urine), des boîtes à munitions (pour les fèces), les cellules improvisées en bois ou en brique et surtout, ces centaines de photos en noir et blanc d'hommes, de femmes et d'enfants, exécutés par la suite, portant une plaque d'identification.

Ces visages ainsi que les photos des 14 derniers torturés à mort (alors que les vietnamiens approchaient de la capitale en janvier 1979), enterrés dans le jardin de S-21, témoignent douloureusement de la barbarie idéologique des Khmers rouges qui exterminèrent plus de 2 millions de personnes (1/3 à 1/4 de la population cambodgienne) pendant les 3 années, huit mois et 20 jours où ils ont exercé le pouvoir. C'est le 17 avril 1975 que les Khmers rouges entrent dans Phnom Penh, renversant le général Lon Nol. Ce dernier avait destitué le roi Sihanouk en mars 1970 (avec le consentement des américains impliqués dans la guerre au Vietnam) d'où une guerre civile de 5 ans : Sihanouk, réfugié à Pékin, créa un gouvernement en exil qui soutenait le mouvement révolutionnaire Khmer rouge dont Pol Pot deviendra le Frère n°1. Dans sa jeunesse, celui-ci étudia à Paris où il aurait développé sa pensée marxiste radicale, transformée par la suite en un extrémisme maoïste !    

Après la prise de Phnom Penh, les Khmers rouges vidèrent la capitale et les villes de province de tous leurs habitants : afin de transformer le pays en une coopérative agricole dominée par les paysans, ils les obligèrent à rejoindre à pied la campagne pour travailler comme des esclaves 12 à 15 heures par jour. L'avènement du régime Khmer rouge fut proclamé "année zéro", la monnaie fut supprimée et le pays se coupa du monde extérieur ... 1975 marqua le début d'une folie autodestructrice visant une restructuration brutale et radicale, niant tout lien avec le passé. Les procès des dirigeants khmers rouges encore en vie sont en cours et leurs photos sont exposées dans la cour de Tuol Sleng : celle de Douch m'a beaucoup marquée ... Il est le seul haut gradé Khmer rouge à reconnaître sa responsabilité dans la destruction de son peuple et admettre la nature criminelle de l'idéologie qu'il servait. Les autres, vieillards octogénaires, nient tous. Les paroles de Douch, lors de son procès, me reviennent en regardant son image : "j'ai tout sacrifié à la Révolution, avec sincérité. Toute ma vie, quand j'ai fait quelque chose, je l'ai fait correctement."  

Pour compléter notre devoir de mémoire, nous sommes allés dans le camp d'exterminaton de Choeung Ek à 15 km de Phnom Penh (40 mn en tuk-tuk) où, entre 1975 et 1978, environ 17000 hommes, femmes, enfants et bébés détenus et torturés à S-21 furent acheminés pour être assassinés : ils furent matraqués à mort à coups de pioche afin de ne pas gaspiller de munitions. Un audio guide en français raconte comment les bébés étaient saisis par les jambes et leurs têtes éclatées contre "l'arbre de la mort" (killing tree). Les restes de 9000 personnes furent exhumés en 1980 des fosses creusées par les Khmers rouges : on peut voir encore ces charniers et, à chaque saison des pluies, des fragments d'ossements humains et des lambeaux de vêtements sortent du sol autour des fosses ... Nous les avons vus, incrédules et plein d'effroi ! Plus de 8000 crânes, classés selon le sexe et l'âge, sont disposés derrière les vitres du stupa du Souvenir, érigé en 1988. La sérénité de l'endroit contraste avec les horreurs qui s'y sont déroulées : nous avons été bouleversés mais chaque pays a une Histoire que le voyageur se doit de connaître pour rester lucide face à l'être humain et agir en conséquence.

 

 

 


Siège du bouddhisme cambodgien, le Vat Ounalom fut fondé en 1443 et comprend 44 structures. Très endommagé durant le régime Khmer rouge, il a été rénové et il est agréable de se promener dans cet environnement serein. Quant au Vat Phnom, il occupe la seule colline de la ville, une butte boisée haute de 27 m. Selon la légende, la première pagode fut érigée en 1373 pour abriter les 4 statues du Bouddha découvertes par Madame Penh sur les berges du Mékong. Cette vieille femme les installa sur une colline voisine, et la ville qui surgit alentour fut appelée "Phnom Penh", la colline de Penh. Beaucoup de personnes viennent prier dans le "vihara" (sanctuaire du temple) où une statue de Madame Penh, souriante et replète, accueille les fidèles.

Au centre de la capitale, le psar Thmei (marché central) occupe un édifice Art déco récemment rénové par le gouvernement français. Un dôme immense coiffe le hall central rempli d'échoppes de bijoux tandis que les 4 ailes abritent des commerces en tout genre. La section des produits frais est impressionante par son choix et son animation : un régal pour les photographes ! Au dernier étage du centre commercial voisin, le Sorya Shopping Centre, la terrasse offre une vue imprenable sur le marché et la ville.

 


Ne manquez pas le Musée national situé dans de beaux bâtiments traditionnels en terre cuite datant des années 1920. Le jardin avec ses ravissants arbres du voyageur et le joli patio central invitent à la rêverie : en effet, la plus belle collection au monde de sculptures khmères vous transporte au coeur de plus d'un millénaire de somptueuses rélisations d'un art exceptionnel. Parmi les plus belles pièces figurent l'imposante statue à 8 bras de Vishnou et la sublime statue de Jayavarman VII (1181-1219), assis, la tête légèrement inclinée dans une posture méditative. C'est le roi des dieux-rois qui éleva les temples d'Angkor Thom, du Preah Khan et du Ta Promh. Une intéressante introduction à nos découvertes ultérieures à Siem Reap ... dommage que les photos soient interdites dans les salles du musée.

Au sud du musée, proche du quai, le Palais royal se cache derrière un mur d'enceinte au milieu d'un jardin luxuriant. Plusieurs pavillons de cérémonie entourent la salle du trône surmontée d'une tour de 59 m de haut : inaugurée en 1919 par le roi Sisowath, elle remplace un vaste bâtiment en bois construit en 1869 et est utilisée pour les couronnements et les cérémonies importantes. La pagode d'Argent doit son nom à son sol constitué de plus de 5000 dalles d'argent (la plupart sont couvertes d'un tapis pour les protéger). Les Khmers rouges l'épargnèrent afin de prouver au monde extérieur leur souci de préserver l'héritage culturel du pays. A l'intérieur, le Bouddha d'Emeraude, qui serait en cristal de Baccarat, est posé sur une estrade devant laquelle un Bouddha d'or grandeur nature semble lui voler la vedette (il pèse près de 90 kg et est orné de plus de 9500 diamants dont un de 25 carats fixé sur la couronne). A défaut de les prendre en photo (interdit), on peut s'asseoir devant et méditer ... Sur le mur d'enceinte de la pagode, une fresque superbe mais très abîmée (réalisée vers 1900) illustre le récit épique du Râmâyana (appelé "Reamker" au Cambodge) : un poème en sanskrit célébrant le mythique prince Rama, 7ième avatar du dieu Vishnou, un des écrits fondamentaux de l'Hindouisme. D'autres pavillons et sanctuaires entourent la pagode et des plantes ornent l'ensemble où il fait bon flâner.

 

 


Nous avons décidé d'aller voir l'ancienne décharge de Phnom Penh dont l'histoire est liée à la création de l'association P.S.E., Pour un Sourire d'Enfant. Des familles sont encore en train de la fouiller, leurs enfants pieds nus, et d'autres brûlent le terrain pour faciliter la recherche d'objets en métal. C'est ici que 2 retraités français, Christian et Marie-France des Pallières, en vacances au Cambodge, ont voulu apporter leur aide aux enfants affamés qui travaillaient dangeureusement dans cet univers insalubre. Voici leurs mots : "PSE a débuté ce jour de 1995 où nous avons vu des enfants manger dans les ordures de la décharge de Stung Meanchey à Phnom-Penh au Cambodge. C'était à hurler ! Il n'était pas possible, après avoir vu cela, de continuer à vivre normalement. Il fallait faire quelque chose ! Cela a commencé par des repas directement sur la décharge et puis, comprenant que la situation nous dépassait et dépassait nos moyens, nous sommes rentrés en France pour alerter nos familles, nos amis, nos connaissances, leur dire ce que nous avions vu. Grâce à la mobilisation de tous, nous avons pu, à notre retour au Cambodge, mettre en route "Pour un Sourire d'Enfant".

Ils ont tout d'abord assuré des repas puis les locaux se sont agrandis pour offrir des cours de rattrapage scolaire. Maintenant, ils sont propriétaires d'un domaine très vaste qui fourmille de jeunes : nous avons été guidés en français par une jeune fille de 21 ans qui était sur la décharge à 13/14 ans et qui, grâce à P.S.E., étudie à l'université ! Le samedi (jour de notre visite), c'est la distribution de sacs de riz aux familles pauvres qui laissent leurs enfants faire leur scolarité à P.S.E. : en fonction du nombre d'enfants, il y a un poids de riz déterminé, amputé si l'élève manque des jours de classe. Papy et Mamy, comme notre jeune guide les appelle affectueusement, ont réalisé un travail formidable : nous avons vu les professeurs à l'oeuvre dans les salles de cours, les salles bien équipées pour les cours de coiffure et d'esthétique, les terrains de jeux, la cantine, la salle des profs, la salle des fêtes, l'infirmerie, les douches et toilettes, les ateliers de mécanique, les hébergements pour les enfants maltraités (violence du père, viols) et ceux pour les enfants handicapés, les vélos mis à diposition des élèves pour venir jusqu'au centre et les bus qui ramassent les enfants trop éloignés. Tous les jeunes que nous avons croisés lors de cette matinée nous ont parlé en français ou en anglais et étaient heureux d'être là ... sortis de la misère et ayant la chance d'une vie digne. Nous étions très touchés et admiratifs : ce fut une magnifique conclusion, pleine d'espoir, à notre séjour au Cambodge puisque nous partions le soir même.


Nous quittons Phnom Penh pour rejoindre Kompong Cham à l'est. Nous faisons une halte à la gare routière de Skuon, très animée. Outre les nombreux voyageurs, il y a toutes ces vendeuses ambulantes qui proposent des araignées frites ! Pas très convaincue par ma dégustation dans un restaurant de la capitale, je me suis contentée cette fois de photografier ces bêtes à 8 pattes, capturées dans des trous sur les collines alentour. Nul ne sait vraiment pourquoi la consommation de l'araignée est apparue à Skuon ... peut-être que la population s'est mise à en manger pendant la famine, sous le régime des Khmers rouges ? Il y a d'autres insectes en vente et j'ai goûté aux grillons grillés : c'était très bon et nous nous sommes partagés le sachet avec Sameth, notre guide. Nous avons acheté un pomélo énorme dont les tranches peuvent être trempées dans du sel "pimenté" ainsi que des noix de cajou provenant des champs à côté : vous trouverez certainement votre bonheur sur le marché de cette halte routière.

Le lendemain, en quittant Kompong Cham en direction de Kompong Thom, nous avons croisé, ébahis, une immense maison portée sur un chariot et poussée par des hommes sur la route ! Dommage que nous n'ayons pas compris les raisons de cette étrange manoeuvre. Avant d'arriver au site de Sambor Prei Kuk, nous nous sommes arrêtés au bord de la route dans le village de Santuk pour admirer les tailleurs de pierre à l'oeuvre. Ils travaillent le grès et la pierre de savon pour créer de belles statues de Bouddhas vendues dans tout le pays.

A 65 km au sud-est de Siem Reap, nous avons fait halte à Kompong Kdei pour admirer le pont de Spean Praptos, en grès et en pierre volcanique. Il a été édifié au XIIième siècle sous Jayavarman VII dans le cadre d'un important programme de travaux publics.


Les temples de Phnom Pros, "l'homme montagne", méritent une visite tout près de Kompong Cham. C'est un endroit plaisant au milieu des arbres peuplés de singes. Un Bouddha couché, un assis qui enseigne et des statues colorées sont objets de dévotion. 

A la lisière de Kompong Cham, nous avons aimé déambuler dans le sanctuaire bouddhique Mahayana (grand véhicule) du XIième siècle, le vat Nokor. Ses porches en grès et latérite ont été incorporés dans la nouvelle construction, un vat Theravada (petit véhicule) moderne, où ils sont devenus des lieux destinés au culte. Ce temple dans un temple est un endroit plutôt kitsch où il est agréable de fureter dans ses recoins et de croiser des moines en robe safran.


Kompong Cham est un paisible chef-lieu de province baigné par le Mékong. Noeud principal des communications terrestres et fluviales, ce rôle n'a fait que s'amplifier avec l'inauguration en 2004 du pont construit sur le fleuve par les japonais. Tout près, une tour de guet datant de la période française se dresse, toute rose et rénovée, sur la berge.

En franchissant le pont, on roule en direction de l'est vers les plantations d'hévéas de Chup, à 15 km. Autrefois, cette région était le berceau de la production de caoutchouc et, de nos jours, on trouve encore une usine qui traite le latex récolté dans les forêts d'hévéas voisines : les ouvriers écorcent le tronc jusqu'à ce que la sève apparaisse et se déverse en gouttes dans les coques de noix de coco suspendues aux troncs. Munis d'un laisser-passer, nous avons observé toute la chaîne de production du latex : une intéressante découverte. En revenant vers Kompong Cham, nous nous sommes arrêtés pour admirer les installations de pêche des vietnamiens dont les femmes vendent en direct leurs produits au bord de la route : poissons séchés, anguilles enccore vivantes et serpents d'eau.

Enfin, rendez-vous au pont en bambou qui mène à l'île de Koh Paen et qui assure la liaison pendant la saison sèche. Très élaboré, c'est une attraction en soi, et chaque année il est totalement reconstruit à la main. Mais nous n'avons pas pu rouler dessus en voiture car il était en travaux. Un ferry faisait donc la traversée.



Ensemble de monuments pré-angkoriens le plus imposant, Sambor Prei Kuk comprend plus d'une centaine de temples, essentiellement en brique, éparpillés dans la forêt. C'était la capitale du royaume Chenla au début du VIIième siècle, sous le règne du roi Isanavarman Ier : ce fut la première grande cité-temple du Sud-Est asiatique. Chaque temple se compose de 3 groupes d'édifices : une tour centrale cernée de sanctuaires, de bassins et de portes ... un agencement qui a peut-être inspiré les architectes d'Angkor 5 siècles plus tard. Sameth nous laisse aux mains d'un guide spécialiste du site et nous voilà partis au milieu de la végétation, sur des sentiers sablonneux, une zone entièrement déminée en 2008. Boisé et ombragé, Sambor Prei Kuk dégage une atmosphère sereine ... malgré les cratères encore visibles du bombardement de l'aviation américaine (au début des années 70) qui soutenait le gouvernement de Lon Nol dans sa vaine lutte contre les Khmers rouges. Comme perdus dans la forêt, nous sommes accompagnés par un garçon et une petite fille qui récitent quelques phrases en français : la promenade est fort agréable (emportez de l'eau).