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Cuba 2014
La Havane : Architecture et monuments
La Havane : Sur le Malecón
Scènes de vie dans les rues de La Havane
La Havane : Les véhicules
Remedios - Sancti Spiritus - Cienfuegos
Santa Clara
Trinidad : Patrimoine architectural
Trinidad : Paysages et scènes de vie
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De retour sur « l’île singulière », la seconde fois pour l’un, la cinquième pour l’autre, nous y revenons surtout pour le contact avec les cubains si chaleureux et si étonnants, virtuoses de la survie et de l’improvisation. C’est le peuple qui maintient le pays en vie et qui veille à ce que Cuba reste ce qu’elle a toujours été : une nation complexe pétrie de contradictions où nos questions ne trouvent jamais toutes leurs réponses !

Dès notre arrivée, la lenteur et les incohérences du passage à l’immigration nous ont exaspérés mais 2 heures après, nous étions subjugués par « la ville aux mille colonnes » : en arrivant dans le centre de La Havane, on découvrait une succession d’avenues bordées de bâtiments à arcades que nous n’avions jamais vus, guidés par le GPS de notre téléphone portable. C’est là tout le charme de Cuba, cette capacité de nous exaspérer un instant, pour mieux nous enchanter l’instant d’après.

Comme en 2012, nous avions réservé et payé par internet une voiture de location qui nous a permis de nous déplacer en toute liberté (même si le modèle affichait 60 000 km et était en piteux état, extérieurement surtout) et nous logions chez l'habitant : 5 nuits dans la capitale, 3 à santa Clara et les 3 dernières à Trinidad. Les routes cubaines étant une véritable épopée, et comme nous aimons prendre notre temps à chaque étape, nous avions renoncé à notre envie de rejoindre Santiago de Cuba (à l'autre bout de l'île, à l'est), deuxième ville du pays et solide rivale culturelle de La Havane. Il faut dire aussi que retourner aux mêmes endroits favorise un rapprochement intellectuel et viscéral qui vous touche profondément ... Par exemple, nous avons retrouvé la famille qui garde le site Guáimaro dans la Valle de los Ingenios (près de Trinidad) : ils nous ont ouvert la maison aux fresques de l'ancienne sucrerie (l'Etat a commencé à la remeubler pour en faire un musée) mais surtout invité chez eux à goûter leur fromage et la pâte de goyave qui se déguste traditionnellement avec ... ce fut un moment inoubliable ! C'est agréable également de voir comment les édifices historiques de La Havane sont peu à peu restaurés même si le délabrement absolu règne partout : c'est là un des nombreux paradoxes de Cuba qui séduisent les voyageurs curieux.

Depuis que Fidel Castro a laissé la place à son frère Raúl à la tête du pays, il semblerait que la vie quotidienne des cubains se soit améliorée notamment pour ceux qui se lancent dans les "activités autorisées pour l'exercice du travail à compte propre" : le nombre de restaurants privés et de casas particulares a explosé et la qualité est au rendez-vous. A La Havane, nous avons découvert de nouveaux paladares, comme celui installé dans un vieil immeuble où l'ascenseur brinquebalant vous emmène dans un intérieur coquet et moderniste, paré de nappes blanches et d'élégantes tentures, ou cet autre, caché à l'étage d'une maison banale mais qui recèle un intérieur élégant associant oeuvres d'art et vaisselle antique (donc dépareillée) dressée sur les tables. Dans ces lieux improbables où il faut souvent réserver pour dîner, la "nueva cocina cubana" est à l'honneur et c'est une réussite : des chefs talentueux se sont mis à concocter une cuisine fusion mariant la comida criolla (créole) et une foule d'influences extérieures. Bridée durant des décennies, la créativité culinaire s'est ravivée et les mets de luxe tels que le boeuf, la langouste et le vin n'étant plus monopole d'Etat, les établissements privés peuvent les servir même si l'approvisionnement relève encore du système D.

Nous étions ravis de profiter de ces changements et d'inviter nos amis cubains (notre famille de coeur) dans ces restaurants à des années-lumière de leur quotidien : pour ceux qui n'ont pas accès au CUC (la monnaie des touristes), les prix pratiqués ici sont inabordables ! Pour nous européens, l'addition reste très raisonnable même dans ces adresses raffinées de la capitale. La note est également très peu élevée quand vous dormez chez l'habitant (environ 30 CUC soit 30 USD) : certes, le débit de la douche est faible, l'eau chaude reste tiède, l'ascenseur est en panne, l'isolation est inexistante (boules Quiès impératives) mais les petits déjeuners sont presque toujours délicieux et copieux (4 ou 5 CUC par personne), et les hôtes sont aux petits soins pour vous sans pour autant vous importuner. Et puis, c'est un vrai plaisir d'échanger avec eux et de plonger dans les expériences domestiques cubaines ...  insolites, surprenantes, toujours intéressantes. Il faut savoir pourtant que certains propriétaires sont plutôt focalisés sur le côté lucratif (particulièrement à Trinidad) mais nous gardons le souvenir positif de tous les autres. Une pensée émue pour nos retrouvailles avec un couple chez qui nous logions en 2012 à Remedios : leur surprise laissa vite la place au bonheur de nous retrouver … Mercedes m’a prise dans ses bras, un abrazo sincère et touchant, et nous avons eu droit bien entendu au mojito de circonstance, très bien réussi par Remberto.

C'est là toute la magie de Cuba, une joie de vivre contagieuse et une exubérance débridée au rythme de la musique omniprésente. Comme le bruit d'ailleurs : chez l'habitant, à l'hôtel ou en pleine campagne, vous n'y échapperez pas. D’ailleurs, lors de notre première nuit, c’est à 4 h du matin que nous avons été réveillés : on entendait arriver les bus remplis de travailleurs venant participer au défilé du 1er mai à La Havane prévu à 7h30 … les chants et les cris de ces joyeux habitants des villes voisines se mêlaient au vacarme de la circulation !  A 9h30, nous arrivions sur la Place de la Révolution pensant trouver encore la foule massée pour écouter les discours des dirigeants, mais c’était terminé : du temps de Fidel, cela durait jusqu’à midi … son frère semble être plus sobre en paroles … les temps changent à Cuba. Et les cubains s'adaptent avec courage et créativité, faisant face à chaque nouveau défi. On le constate au fur et à mesure de nos séjours au contact de la population et en déambulant sans but dans les rues pour saisir au vol ces instantanés de vie quotidienne, dans un pays où les gens possèdent peu mais restent généreux.

Oui, nous aimons Cuba pour son caractère énigmatique, dont les subtilités résultent d'une histoire trépidante, marquée par une révolution qui a suscité tant de passions et dépassé largement ses frontières. Nous aimons par-dessus tout le peuple cubain, fier de sa culture et toujours plein d’espoir en l’avenir comme cette jeune fille rencontrée à Trinidad dans le modeste barrio Los Tres Cruces : Yaremis aura bientôt 11 ans et elle adore aborder les étrangers, leur montrer où elle vit et poser pour les « photographes ». Nous nous sommes laissés prendre au jeu, séduits par son enthousiasme, et conscients de l’importance démesurée de nos clichés qu’elle recevra comme promis. A bientôt Cuba !