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Délaissez vos a prioris (surtout politiques), refoulez vos critiques trop négatives et vous pouvez plonger dans le paradoxe cubain. En effet, Cuba oblige à une perpétuelle adaptation : à peine croit-on l'avoir comprise qu'elle vous déconcerte par une nouvelle énigme ... et c'est bien là tout son charme ! Alors, pour une immersion plus complète, nous avons choisi de loger chez l'habitant en "casas particulares" où nous avons eu un accueil chaleureux : maîtriser l'espagnol est un atout mais la plupart des loueurs parlent anglais. Nous nous sommes sentis en sécurité partout où dormions ainsi que dans toutes les villes que nous avons visitées. Il faut dire que le tourisme est une source de revenus complémentaires pour les habitants et nous avons ainsi un peu contribué à améliorer leur quotidien.

En arrivant à l'aéroport de La Havane, nous étions déjà confrontés à 2 réalités cubaines : nous avons dû faire la queue pour changer nos euros en CUC et une petite partie en pesos (1 dollar = 1 CUC = 25 pesos). Oui, les cubains font très souvent la queue (cola) et subissent la double économie du pays soumis à l'embargo américain (bloqueo) : depuis l'interdiction du dollar en 2004, la monnaie de référence (celle des touristes) est le CUC ou peso convertible. Ceux qui travaillent avec les touristes ou qui reçoivent de l'argent de leur famille vivant à l'étranger ont accès au CUC (c'est la monnaie forte) et donc aux produits payables en CUC (ils ont ainsi du choix) tandis que pour la majorité des cubains, le salaire est payé en "moneda nacional" (peso cubain) et ils s'approvisionnent dans les magasins d'Etat (où la pénurie sévit). Précisons que fin 2012 à l'Assemblée générale des Nations Unies, 188 pays ont voté contre l'embargo alors qu'il n'y a eu que 3 voix pour et 2 abstentions. Toujours est-il que cette double monnaie a renforcé les différences de classes sociales, un fossé entre fortunés et démunis que nous avons constaté tout au long de notre séjour.

Sur internet, nous avions réservé et payé une voiture de location (agences d'Etat) qui nous attendait comme prévu à l'aéroport : un coût plus important que dans d'autres pays mais nous voulions notre indépendance durant les 15 jours de notre périple. Malgré la difficulté à s'orienter sur les routes cubaines - manque de signalisation, obstacles incongrus commes des vaches sur l'autoroute - nous avons parcouru près de 2000 km et découvert des endroits où même les plus désabusés peuvent se laisser prendre au "piège" d'un certain romantisme aux couleurs révolutionnaires. La Havane, Cienfuegos, Trinidad, Remedios, Santa Clara, Matanzas et Viñales, autant de villes singulières où s'assemblent les pièces du puzzle cubain. Si l'architecture éclectique reflète bien l'héritage culturel de Cuba (baroque espagnol, classicisme français, styles Art déco et Art nouveau), c'est la rencontre avec les autochtones qui est une vraie richesse ! Nous avons une pensée affectueuse pour Gisela, Coco et Leo, Mercedes et Remberto ...

Virtuoses de la survie et de l'improvisation, les cubains vous surprennent par leur solidarité infaillible et leurs infinies capacités d'adaptation au royaume du système D : d'ailleurs, les 2 verbes les plus utilisés sont "conseguir" (obtenir, se débrouiller) et "resolver" (résoudre, réussir). Souvent pauvres (le salaire mensuel moyen est de 20 à 25 euros), toujours souriants, ils seront ravis de s'occuper de vous (préparation de plats savoureux et copieux pour un prix dérisoire) et de l'intérêt que vous leur porterez. Non, "no es fácil", la vie à Cuba n'a vraiment rien de facile, mais envers et contre tout, elle est rarement triste. La musique et la danse font partie du quotidien (alcool omniprésent et souvent du bruit tard dans la nuit) tout comme la préoccupation de manger chaque jour et de gagner assez pour faire vivre toute la famille (la carte de rationnement "libreta" existe toujours). Sans tirer de conclusions hâtives, on comprend que l'embargo économique imposé par le puissant voisin américain empoisonne la vie de chacun et que la politique menée à Cuba depuis la victoire de la Révolution des "barbudos" en 1959 (figures emblématiques de Fidel et du Che) n'a pas sauvé le peuple du chômage (un de nos loueurs est ingénieur chimiste mais n'a jamais trouvé d'emploi dans sa branche) ni de la précarité.

Difficile de savoir exactement ce que pensent les cubains vu leur incorrigible esprit de contradiction, mais nous avons aimé échanger nos idées avec nos hôtes et au hasard de nos rencontres : nous n'avons pas tout compris mais nous avons apprécié leur état d'esprit et leur grand sens de l'humour.

Cuba reste une nation insolite, à la fois euphorisante et exaspérante, pétrie de paradoxes et superbement fascinante ... c'est ça, l'âme de Cuba.