Différentes personnes nous avaient recommandé Saragosse pour son dynamisme et son ambiance. Habitant le sud de la France, nous voilà partis en voiture pour cette ville universitaire qui allait peut-être nous surprendre agréablement comme Valencia. Autant le dire de suite, cela n'a pas été le cas !

Située sur les rives de l'Ebre, au milieu des vastes plaines désertiques de l'Aragon, la capitale régionale s'enorgueillit d'un riche passé et se tourne résolument vers l'avenir depuis l'organisation de l'exposition internationale de l'été 2008 sur le thème de l'eau et du développement durable. Les constructions futuristes et les nouveaux ponts qui ont émergé au nord du fleuve ont de quoi étonner mais nous ont quelque peu déçus, car la plupart sont fermés comme la Tour de l'Eau et le Pavillon Pont. Ce dernier surtout nous avait déconcertés en préparant notre voyage : l'architecte Zaha Hadid lui a donné la forme d'un glaïeul et son enveloppe s'inspire des écailles d'un requin mais c'est l'intérieur qui semble très original. Il enjambe l'Ebre tout comme le magnifique pont du Troisième Millénaire qui relie le nouveau quartier Actur (celui de l'expo, peu vivant) à ceux de La Almozara et de Las Delicias. Nous avons aimé photographier ces structures avant-gardistes tout comme l'intérieur design et graphique de la gare ferroviaire Saragosse Delicias (2003).

Ce qui nous a plu également à Zaragoza, c'est l'art "mudéjar", un style qui s'est développé dans la péninsule ibérique après la Reconquête entre le XII° et le XVI° siècle et que nous avions découvert à Séville, Grenade et Cordoue. Déclarés au Patrimoine mondial de l'Unesco en 2002, les monuments mudéjars en Aragon témoignent de l'extrême habileté de ces artisans et constructeurs de culture et de religion musulmanes qui érigèrent et décorèrent les nouveaux bâtiments chrétiens en alliant leur tradition islamique aux styles européens. Dans le centre historique de Saragosse, on peut admirer de merveilleuses créations en briques, plâtres, bois polychromes et céramiques vernissées (azulejos) : églises et tours de La Magdalena, de San Miguel, de San Gil et de San Pablo et aussi le couvent du Saint-Sépulcre, le palais de la Aljaferia et l'extérieur de la cathédrale. Mention spéciale pour la visite guidée très instructive du couvent (en espagnol - à 11h le lundi - 2,5 euros).

Ne manquez pas l'emblématique basilique baroque de Nuestra Señora del Pilar (montez en ascenseur dans une des tours pour une vue à 360° sur la ville), les vestiges romains de l'ancienne Caesaraugusta (fondée en 19 avant J.-C.) conservés in situ par la municipalité qui a ouvert 4 petits musées dans le centre historique (le Forum et le Théâtre valent le coup) et le splendide patio Renaissance de la Infanta qui fait partie intégrante de la banque Ibercaja (entrée gratuite). D'ailleurs, celle-ci possède également le Palacio Larrinaga que nous avons découvert avec plaisir et grand intérêt (réservation par téléphone pour une visite guidée en espagnol le mardi à 17h - 3 euros). Autre visite guidée en espagnol (toutes les 1/2h les samedi et dimanche pour 2 euros), celle du palais de Miguel Donlope (siège de la Real Maestranza) qui montre l'opulence des riches habitants du XVI° siècle. Profitez comme nous des expositions gratuites pour investir l'intérieur saisissant de maisons anciennes comme la Lonja (ancienne Bourse du Commerce du XVI°), le Palacio de los Condes de Sástago et celui de los Marqueses de Montezumo.

Il faut préciser que tout ferme entre 14 et 17h (même les musées) et que nous devions nous adapter à des horaires décalés : en déjeunant vers 14h et en dînant à 21h (restos rarement ouverts avant !). Nous profitions de ces après midi pour arpenter les rues de Saragosse et voir les différentes façades d'immeubles modernistes ou néoclassiques mais c'est le matin que nous avons apprécié l'activité des quartiers de la Magdalena et de San Pablo (voir dans l'église San Pablo, le retable majeur de Damiá Forment qui est de toute beauté). En ce mois de février, il faisait froid et le soleil était rarement au rendez-vous : nous avons même eu de la pluie toute une après midi et essuyé un vent glacial certains jours. Heureusement que nous pouvions nous réchauffer dans les bars/salons de thé pour déguster chocolat chaud épais, churros et porras (beignets plus gros et plus moelleux) ou grignoter les spécialités achetées dans les délicieuses confiseries artisanales de la rue Don Jaime I : les "frutas de Aragón" de Fantoba (au n°21) et les chocolats et pâtes de fruits de Capricho (au n° 25). Bref, un séjour non dénué d'attraits mais qui ne nous donne pas forcément envie de revenir.