Durant tout un après midi, nous avons visité la cité fortifiée d'Angkor Thom (grand Angkor ou grande cité). Portant le "monumental" à un niveau encore jamais atteint, la dernière capitale de l'empire khmer couvre plus de 10 km2 et fut construite par le plus grand souverain d'Angkor, Jayavarman VII. A son apogée, Angkor Thom aurait compté 1 million d'habitants et elle doit son caractère grandiose à la somme des éléments qui la composent : le Bayon, le Baphuon, la terrasse des Eléphants, pour ne citer que les plus importants. Tous ses éléments sont entourés d'un rempart carré long de 12 km, lui-même ceinturé de douves de 100 m de largeur : il s'agit là encore d'une représentation démesurée du mont Meru entouré par les océans. Nous avons pénétré à l'intérieur de la cité par la porte sud, une des 5 portes monumentales qui percent les remparts : hautes de 20 m, elles sont surmontées par 4 gigantesques visages de Lokeshvara, le bodhisattva de la Compassion, veillant sur le royaume. C'est vraiment impressionnant et il est agréable de s'attarder sur la chaussée devant la porte sud où des statues géantes entièrement restaurées (la plupart de leurs têtes sont des copies), évoquent superbement la légende du barattage de la mer de lait.
Temple-montagne royal, le Bayon est un fantastique et fascinant temple d'Etat, empreint de sérénité : sa splendeur incarne le génie créatif et l'ego hypertrophié du roi légendaire de l'Empire khmer, Jayavarman VII. La structure comporte 3 niveaux : les 2 premiers, carrés et ornés de bas-reliefs, mènent au troisième, circulaire, où se dressent les 54 tours aux 216 visages. Ces visages monumentaux de Lokeshvara au sourire énigmatique sont à la fois sévères et compatissants : ils symbolisent la puissance, l'autorité et la bienveillance, qualités indispensables pour gouverner un vaste empire. Où que l'on soit dans le temple, on est environné de visages de face, de profil, à hauteur d'homme ou en surplomb ... la magie opère malgré le flot de visiteurs. Il ne faut pas oublier pour autant les célèbres bas-reliefs qui couvrent le mur extérieur du premier niveau et dépeignent des scènes de la vie quotidienne au XIIième siècle (rare que le peuple soit représenté dit notre guideTra). Nous avons admiré les sculptures les mieux conservées : la défaite des Chams, la bataille navale et le défilé militaire.
Entrés par le sud, nous quittons à regret le Bayon du côté nord pour poursuivre à pied notre balade dans Angkor Thom. Nous avons été très déçus par le Baphuon dont la restauration par anastylose, reprise en 1995, avait défrayé la chronique de par l'ampleur de la tâche. La structure centrale s'élève à 43 m mais est dépourvue de sculptures, et le mur de soutènement du côté ouest, en forme de bouddha couché long de 60 m, est décevant ! Nous avons ensuite rejoint la terrasse des éléphants : longue de 350 m, elle servait de tribune géante pour les cérémonies publiques. Ses murs de soutènement sont décorés par des garuda (créatures mythiques mi-hommes, mi-oiseaux) et par la célèbre parade des éléphants, menés par des cornacs. Enfin, nous avons traversé la forêt pour atteindre le Tep Pranam, un temple en ruines mangé par la végétation. Nous avons croisé les habitants qui vivent à proximité et vu un moine bénissant un couple et son scooter en les arrosant d'eau.