En tout début de matinée, nous avons découvert avec ravissement le Ta Prohm, temple en ruines abandonné à la jungle, donnant une très bonne idée de l'aspect des monuments lors de l'arrivée des premiers explorateurs. Construit vers 1186 et alors appelé "Rajavihara", monastère du roi, le Ta Prohm était un temple bouddhique dédié à la mère de Jayavarman VII. Aujourd'hui protégé de la végétation envahissante, il ne conserve que les énormes fromagers qui enserrent les pierres de ses tours et de ses murs qui ne tiennent plus que grâce à l'entrelacs des racines. Nous avons été époustouflés par la puissance de la jungle, notamment à l'entrée est où l'enceinte centrale est étranglée par une racine particulièrement spectaculaire, surnommée "arbre-crocodile" (c'est un fromager dit Tra). Il y a aussi un fromager mort emprisonné par un ficus au milieu des tours, des cours fermées et des couloirs étroits. On se promène avec émoi parmi les pierres délicatement sculptées, démantelées par la jungle victorieuse, et on est à maintes reprises surpris par une racine géante qui enlace les porches, les bas-reliefs et les murs ventrus du sanctuaire.
Comme nous étions souvent en position de contre-jour à cette heure de la journée, nous avons tenté de revenir (avec le pied photo) en fin d'après midi. Vers 17h30, alors que les temples fermaient, j'étais en train de négocier une brève visite avec le policier de service : refusant au début, il finit par céder devant mon insistance et ma promesse de ne rester que devant l'arbre-crocodile, à l'entrée est du Ta Prohm. Nous étions ravis de cette aubaine, tels des enfants, et avons bien remercié le policier avant de repartir. Décidément, les cambodgiens sont vraiment formidables !